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Un homme, un époux, un père, un analyste, un professeur, un ami, un confident ...
6 mai 2009

Témoignage Françoise Humblé - Hommage à Antoine Pinterovic'

Hommage à Antoine Pinterović   

[rédigé le 7.5.2009, pour le 12.5.2009, ce texte, protégé par la législation relative au droit d’auteur & aux droits voisins (loi du 30.6.1994 modifiée par la loi du 3.4.1995), ne peut être, ainsi que le précisent ces lignes entre crochets, utilisé sans l’autorisation écrite de la rédactrice, Françoise HUMBLé, à contacter donc si nécessaire par mail sur <francoise.humble@skynet.be>, & bien évidemment, l’autorisation conjointe également préalablement requise, de sa veuve Claudia, née Goethals & des deux enfants, Radomir & Yasna Pinterović. C’est en effet dans le contexte de sentiments partagés à l’égard du défunt, & sans pour autant que la signataire de ces pages, agnostique à hypothèse athée, manifeste son adhésion à tous les propos développés dans le site conçu par Alexandre Walnier pour, notamment au travers de ses compétences informatiques, se souvenir de son thérapeute, que cet élan mis par écrit lui est communiqué.]

« Le génie » ..., telle était l’appellation dans laquelle je tentais tendrement d’envelopper & de résumer cet homme extraordinaire ... Mais dans toutes les acceptions du mot & de toutes les manières, Antoine était irréductible !

Par la taille physique, il n’était pas grand ; mais par le coeur & par l’esprit, il était immense, cet exilé croate, & Belge d’adoption.
La sensibilité, le courage & la générosité,  n’avaient chez lui d’égales que l’intelligence, le savoir encyclopédique & la lucidité.
Erudit véritable, & nullement intellectuel de salon, Antoine avait, chevillée à sa vivacité d’esprit, la passion de la transmission.
Il ne dissertait pas à l’envi de méthodes pédagogiques plus ou moins à la mode ; la pédagogie, il la vivait.
Si quelquefois, le propos ironique, cynique, voire sarcastique, l’emportait sur la diplomatie requise par certaines situations, l’essentiel était sauf : qu’il s’agisse des textes ou des personnes, Antoine en atteignait toujours la substantifique moelle ...

Quel être humain, cet homme !  Passionné & passionnant, il n’aura cessé de nous surprendre ...

Ce fin thérapeute à l’écoute du dit & du non-dit, était autant visionnaire professionnellement qu’en qualité de citoyen du monde.
Les jaillissements les plus créatifs d’une culture générale incroyablement vaste, les versants les plus ardus de la pensée, les frontières les plus inaccessibles de la connaissance, les patients qui ont fait avec lui un parcours analytique, en défense sociale ou en privé, les élèves, les proches, la famille quotidiennement, d’autres même, ils sont innombrables à avoir pu bénéficier des intensités parfois héroïques de son humanité.

Dérives subséquentes à un éros chancelant ou à une morale aléatoire, fragilités identitaires obligeant certains à ce qu’il nommait « un masque professionnel », ou encore gouffre de l’amour absent suscitant une soif aussi peu avouée qu’inextinguible de pouvoir, cet honnête homme, ce grand professionnel de la relation d’aide, n’a jamais cessé, depuis son exigeante formation à ZüRICH, d’en débusquer avec une vigilance aussi constante que discrète,  les signes les plus infimes dans sa pratique thérapeutique.
Philosophe & romaniste émérite, ce polyglotte incomparable connaisseur de Jung & de Freud dans les versions originales, l’était aussi de l’oeuvre d’Antoine de Saint-Exupéry, autour de laquelle il a mis par écrit de superbes fulgurances conceptuelles & d’étonnantes perceptions poétiques.

Traducteur pointu d’écrits d’exception, dont « Le pouvoir & la relation d’aide » d’Adolf Guggenbühl-Craig à l’époque Président de la Société Internationale de Psychanalyse Jungienne, quintessence d’une réflexion emplie de chaleur humaine & d’autocritique, dont il a si évidemment été le préfacier éclairant & le traducteur idéal, Antoine était également l’un de ces rares interlocuteurs avec lequel un échange devient un débat jalonné d’imprévues, authentiques & profondes cogitations ...

Langues anciennes, langues modernes, histoire, géographie, musique classique, maîtrise de toutes les arcanes des cheminements philosophiques, psychologie & psychanalyse, avec cet homme hors du commun, s’ennuyer était inconcevable !

L’envergure était le naturel de cet homme réellement savant, qui, au JAPON, aurait été élevé au statut de Trésor Vivant.
Trésor, incontestablement, aussi dans la signification européenne de ce mot ; & vivant, il l’était plus que quiconque, cet homme au charme puissant, cet époux & père inénarrable, simultanément patriarche protecteur & enfant rebelle, au verbe incisif & à l’humour décapant.

Antoine était, il est, il reste à jamais pour moi un ami irremplaçable.

Cher Antoine, ton papa, ta maman, Mary, Gisèle la maman de Radomir, ton beau-père Arnold aussi surpris qu’heureux de ce gendre au caractère aussi bien trempé que le sien, Caspar Toni Frei, ton parrain en travail analytique & auteur de « La psychologie analytique complexe de Carl Gustav Jung » ce petit opus d’une rare densité dont tu assuras avec la rigueur attendue la traduction en langue française, & ce grand psychiatre belge analysé par Lacan lui-même, le Docteur Jean-Pierre Legrand, qui admirait tes talents & te tenait en affection, comme les voilà chanceux si, comme d’aucuns le croient, ils vont maintenant pouvoir dialoguer avec toi en direct & sans fin ...

Cher Antoine, nous sommes tous là ... Cica ta soeur chérie, empêchée par sa santé mais en pensée avec nous, Radomir ton fils tant aimé, Yasna, ta fille perle de ton coeur, & Claudia, Claudia, ton épouse & femme de ta vie sans laquelle tu n’aurais pu, m’as-tu maintes fois dit, « développer tes capacités, devenir toi », Claudia la maman attentive, & puis ... tous les autres, qui ont eu l’insigne honneur & l’indicible bonheur de te connaître, & je l’espère, pour eux, de te chérir ...

Oui Antoine, je suis d’accord avec toi, j’aurais pu ajouter quelques citations particulièrement idoines ; mais c’est la patience du maître qui permet à l’élève d’un jour finalement, non le dépasser, mais simplement quelque peu se tenir à sa hauteur ...
Oui Antoine, mon propos aurait pu être plus direct ; mais « je t’aime » & des sanglots, cela aurait manqué de classe pour l’aristocrate que tu es ...
Oui Antoine, mes phrases auraient pu être moins longues ; mais comme chacun aujourd’hui, j’ai voulu rester avec toi le plus longtemps possible ...


Françoise HUMBLé

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Commentaires
P
Excuse moi pour mon francais pas bon mais,en lisant cette lettre j'aicompris que l'amour existe pour toujours, avant et aprés la vie, ...mais c'est la meme chose, je crois.....je voudrais ecrire plus que je peux faire mais la connaissance de votre belle langue est limité, etudie pendent ma jeunesse.<br /> Cet homme a laissè de lui un parfum des chose belles que seulement ses amis ont connu.....<br /> je vous remercie<br /> Paola Maria
Un homme, un époux, un père, un analyste, un professeur, un ami, un confident ...
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